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Jacques Louvain, peut-être

par Dominique Boudou, carnets, extraits, en-cours etc.

29 avril 2013 1 29 /04 /avril /2013 13:12

Déménagement
Voilà, je déménage. Pas mes neurones mais mes cartons. Mes nouveaux articles se trouveront désormais sur :
http://dominique-boudou.blogspot.fr
Je vais en profiter pour créer de nouvelles catégories et je participe le vendredi 3 mai aux Vases communicants avec Hélène Verdier sur une maison japonaise.
Merci de continuer à me suivre.

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21 avril 2013 7 21 /04 /avril /2013 12:32

La nouvelle formule d'Overblog ne fonctionne pas à cause de la barre d'outils en haut de l'écran qui n'apparaît pas ! Restez sur l'ancienne configuration.

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20 avril 2013 6 20 /04 /avril /2013 11:34

 Un paisaje

Desde la ventana

Abierta o cerrada es igual

Hierba verde tierra negra

Bajo el azul

Y

En un charco podrido

Un ojo

Demasiado redondo

Como el olvido

Que se va borrando

 

J'ai envie de m'amuser à écrire en espagnol, avec mon seul bagage, sans recours au dictionnaire. Des maladresses, des curiosités pour le moins, ne manqueront pas. Qu'importe ! C'est un jeu.

 

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17 avril 2013 3 17 /04 /avril /2013 21:00

Je ne déteste pas Michel Houellebecq. Son recueil de poésie publié par Flammarion est à peu près indigent et il le sait. N'empêche ! Son premier roman, Extension du domaine de la lutte, édité par le monument Maurice Nadeau, exprime au mieux le désenchantement du monde et de soi. Ses Particules élémentaires, autant qu'il m'en souvienne, posent la question morale et sociétale, voire esthétique, de l'emprise des neurosciences sur la marche improbable du monde. Après, je ne sais pas, car je n'ai pas lu.

 

Cependant, lors d'un zapping en sirotant un Côtes de Bourg des meilleurs, j'ai attendu son interview sur BMF.TV par la belle Ruth Elkrief. 

 

Qu'ai-je vu, entendu, senti ?

 

Un homme désemparé, incapable de dire, de penser, pris dans ses hoquets comme un mulet entravé. 

 

Parce qu'il n'y a rien à voir, à entendre, à sentir.

 

Houellebecq n'aime pas les Cyniques et c'est peut-être là son tort, ou tout au moins sa fuite dans une illusion résiduelle. Mais il dit que notre civilisation est à l'agonie, une mort lente d'où suintent les humeurs les plus nauséeuses, des esprits comme des corps, et il a raison de le dire. Que nous reste-t-il en effet en quoi nous pourrions croire ? Comment ne pas avoir l'âme crépusculaire quand la mort s'invite à notre table dans le flux incessant de l'information ?

 

La politique, Philip K. Dick l'a répété bien avant Houellebecq, n'est plus qu'un jeu de simulacres à loger dans des pixels interchangeables. 

 

L'homme, à qui on fait bouffer de la merde, qui se fait soigner avec des médicaments de merde, qui consomme de l'électro-ménager programmé pour durer ce que dure la merde, qu'on assassine avec la télé-réalité de merde, est condamné par les puissances maléfiques de l'argent dont Freud disait que c'était de la merde.

 

Michel Houellebecq est un anti héros de notre temps cancéreux, jamais dupe de l'encensoir complaisant de la belle Ruth, et il est logique qu'il produise de la poésie de merde publiée par un éditeur de merde qui veut rassasier ses actionnaires à la fin de l'an prochain.

 

Michel Houellebecq, en fait, nous tend avec un sourire sardonique ce miroir que nous ne voulons pas voir : celui de notre propre fin, dans l'affaissement de nos pensées comme dans l'affaissement de nos chairs, incapables de sauter le ruisseau de la fange.

 

Je n'ignore pas que cet article, pour autant qu'on le lise, surprendra. D'aucuns voudront y voir un abus de Côtes de Bourg. Et pourtant ! Si on réfléchit quelques secondes ! A quoi bon vivre si nous n'avons pas l'élan d'échapper à la bassesse de notre putrescible condition ?

 

Amen !

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13 avril 2013 6 13 /04 /avril /2013 21:43

J'entends à l'étage que tu es en train de te lever. Je ne bouge pas. Je t'écoute. Mon corps tout entier s'ouvre à tes mouvements. Un déshabillé de soie chuinte sur tes épaules. Des chaussettes de grosse laine rouge glissent autour de tes pieds. Tu ouvres la porte de la salle de bain. La glace capte aussitôt ton visage. Tu t'empares de ton reflet, lui pinces le menton, lui tords la bouche. Une mèche échappée se met à voleter et tu ne parviens pas à la rattraper. La soufflerie de la salle de bain en est peut-être la cause. Ma main, ou la tienne, aura ripé sur la mollette de réglage, augmenté le volume. Tu hésites. La mèche de cheveux continue à voleter. Excitée peut-être par un infime courant d'air tombé du velux. Tu te dis toi aussi que quelque chose ne va pas, sans t'étonner, habituée que tu es à l'insolite présence qui naît sous chacun de tes regards, et tu m'appelles comme toujours tu m'appelles sur le coup de dix heures, en sifflant.

Je remets à plus tard mon improbable exploration au centre du bois. Je considère vaguement les piles de livres posées par terre. Toutes sortes d'objets les accompagnent, retournés depuis longtemps à l'état de morceaux. Du papier. Du fer. Du verre. Du plastique. Il faudrait vouloir les ranimer. Rassembler autour d'eux des pans d'histoire, des bribes de mémoire.

En quoi cela me fraierait-il un chemin pour comprendre ?

Tu me parles de tes cheveux poussés par un vent qui n'existe pas et je te confie mon errance de la matinée. Nous rions. L'étrangeté nous est tellement familière. Mais là, c'est autre chose. Un simple déplacement dans les coulisses du monde, nous n'en tiendrions pas compte. Tu marches dans la bibliothèque. Tu prends la mesure de la lumière qui s'encadre à la fenêtre. Onze heures déjà. Je pense au plat préparé que je vais acheter à la boulangerie. La serveuse me demandera si je veux une boisson pour aller avec et je lui répondrai que j'irai sans. J'imagine que, cette fois ci, nous n'aurons pas cet échange rituel. Non pas qu'elle sera fatiguée, ou pressée par un surcroît de travail. Elle aussi, après s'être levée et avoir bu son café debout devant une baie vitrée, aura éprouvé un sentiment identique au nôtre. Quelque chose ne va pas. Tu t'arrêtes de marcher. Tu dis que les piles de livres ne vont pas tarder à tomber. J'objecte qu'elles sont assez stables mais tu n'es pas convaincue. Puis tu me demandes si j'ai regardé le ciel. Ton raisonnement est simple. S'il n'y a rien de notable en bas, il faut regarder en haut. Depuis l'origine des temps l'homme interroge le ciel quand quelque chose ne va pas. Je grommelle. Le ciel est trop grand et je prendrai froid dans le jardin, avec ma robe de chambre qui ferme mal. 

 

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10 avril 2013 3 10 /04 /avril /2013 12:31

Je m'assois sur une chaise pliante accotée à l'appentis et mes yeux suivent les ondulations de la terre. Petits grains piquetés d'herbe rase. Mottes grattées par les chats. Rotondités de glaise où perchent des oiseaux. Cailloux remontés d'un creux au pied d'un arbre. Rigoles des pluies anciennes. Je prête l'oreille aux remuements du matin. Quelques feuilles ont çà et là des frottements d'élytres sèches. Un pot, que tu avais suspendu il y a deux étés, grince au bout de son piton. Au-delà du jardin, chez les voisins, la rumeur du jour va son train coutumier. Des portes s'ouvrent puis se ferment sans claquer. Des voix s'interpellent. Une radio crache. Un chien gémit.

Plus loin, dans le maillage serré des rues, le grondement mécanique des travaux de terrassement fait que je me tasse un peu sur la chaise. Aucune vibration douteuse, cependant. Il faudrait que je rassemble tout mon courage pour enquêter dans la ville. Du centre à la périphérie. Ou l'inverse. Suivre minutieusement le plan des cercles fermés. Alimenter au fur et à mesure ma volonté d'élucidation.

Mais pour comprendre quoi ?

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6 avril 2013 6 06 /04 /avril /2013 20:51

Il faudrait atteindre

au silence passé sous le silence,

par les claires voie de la fenêtre.

Venir à toi.

Couler mécaniquement

ma tête dans l'anse de ton coude.

 

J'avale l'évidence de l'eau dans

mes mains en travers

de toute ta figure.

Tu dis

que l'odeur du lait se souvient

de la peau.

 

Je penche. Pèse un nuage dans ta poche.

Dis-moi comment faire pour assembler les bras avec les jambes

du tricot ?

L'un après l'autre, quand même, du sable,

tu soulèves tes genoux.

 

Tu m'aimes au coin d'un mur

tout au bord des veines de la pierre.

- C'est pareil pour tous, avant de s'endormir

la plume d'un oiseau.

 

Le vent et l'eau emportent ma mort

dans ses petites mailles.

Le couchant du silence s'envole

du papillon

les ailes si transparentes qu'à travers elles,

je te vois.

 

Il n'existe rien d'autre.

Ventres et sang.

 

(texte en cours)

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30 mars 2013 6 30 /03 /mars /2013 16:45

Ce pourrait être le titre d'un album pour la prime jeunesse. Mon inspiratrice a quatre ans. Elle se confie à la caméra de Brigitte Giraud lors d'un atelier d'écriture autour du rêve.

Elle dit :

"Moi, j'ai fait un cauchemaaar. Y'avait un louououp. Et le loup voulait pas sortiiir. Alors mon papa il a dit :

Soors le loup ! Soors le loup !"

 

Et, ô enchantement de la pensée magique couplée à l'astuce paternelle, le loup est sorti et le cauchemar s'en est allé montrer sa mauvaise tête ailleurs.

 

Je ne me lasse pas d'entendre cette injonction au loup lorsque Brigitte Giraud la passe en boucle pour monter son film. Quand on n'a pas connu son père et que la mère on l'a découverte sur le tard, voilà une situation qui titille les pointes du coeur. Elle donne des idées pour écrire. Toutes les petites filles et les petits garçons n'ont pas la chance d'avoir un papa subtil et attentionné. Il faut parfois se débrouiller seul, inventer des incantations, des stratagèmes. Et c'est difficile quand on est tout près de retomber dans le trou sans fond du cauchemar. D'autant que le loup invaincu en profite. Ses dents deviennent vertes, ses griffes se transforment en crocs de boucher, sa langue couverte de pustules puantes se déroule comme un tapis sans fin.

Au secououours !

 

Alors voilà ma liste de petits trucs pour que le loup déguerpisse la queue entre les jambes et qu'il ne revienne plus hanter les petites filles et les petits garçons seuls.

1- Appeler un éléphant en renfort et lui dire d'assommer le loup d'un coup de trompe

2- Imiter le bruit d'une rafale de mitraillette

3- Dire au loup qu'il y a un mouton cuit dans le jardin

4- Invoquer la protection de Shreck et lâcher un pet ondulé

5 - Brandir le polochon du lit comme une matraque

6 - Ouvrir la fenêtre de la chambre et crier : "Dégage !"

7 - Cracher trois fois un jet de salive transformé en huile bouillante

8 - Téléphoner à la brigade anti-cauchemars de la police municipale

Si ces mesures demeurent sans effet sur le loup récalcitrant, allumer les lumières de la chambre et penser très fort à quelque chose de rigolo comme le pipi et le caca. Le résultat est garanti à cent pour cent puisque même les adultes adorent y penser, au pipi et au caca.

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29 mars 2013 5 29 /03 /mars /2013 13:30

"Toute une vie bien ratée" ne veut pas dire une vie mal réussie. Ah ! Tiens ! Le titre de l'article parle de Zweig et il est question de Pierre Autin-Grenier. Encore une cocasserie de blogueur en mal d'originalité ? Même pas. Je suis seulement heureux d'avoir enfin découvert Pierre Autin-Grenier. Je le prenais pour un écrivain trop sérieux, voire rébarbatif, et je tombe sur un désespéré rigolo, un poil anar même deux, amateur de blanc sec sur le zinc, de tripailles lyonnaises, de clopes qui empestent le maïs et j'en passe. J'aime surtout l'art de vivre à contre-courant de notre époque malade qu'il distille dans ses miniatures, en un style faussement léger qui n'appartient qu'à lui :

"Tu vois, je crois qu'en fait ce que j'aime bien, là où je suis le mieux je veux dire, c'est précisément dans ce nulle part qui mène d'un point à un autre ; parce qu'être amarré au port ou dériver en ville c'est la même fragilité de vivre et que partir pas plus qu'arriver n'a jamais été mon métier."

Et puis vous savez, un individu gourmand d'andouillettes et de Gigondas, ne peut pas être entièrement mauvais. Goguenard, narquois, sarcastique à l'occasion, brocardant avec jubilation tous les travers des quidams comme ceux des institutions, ça oui, mais, dans le même temps, je le sens dans chaque ligne, un être libre, un amoureux des femmes, un amoureux de l'amitié, bref un chic type doublé d'un styliste parmi les meilleurs. 

 

Oui, bon d'accord, mais Stefan Zweig dans tout ça ? Le lien est simple. Quand j'ai acheté Pierre Autin-Grenier, en même temps que Marc Villemain, je venais de terminer Lettre d'une inconnue, de Zweig donc, alors je me suis offert Clarissa. Et je suis envoûté. Je n'avais pas lu l'auteur d'Amok depuis... bref... et je me dis que tout blanc bec que j'étais je n'avais rien saisi de la profondeur qu'on trouve dans cette langue. Pas étonnant que Zweig ait fréquenté Freud. Et sa puissance vient de ce que son écriture s'insinue dans les méandres de l'inconscient sans faire de psychanalyse. Tenez, je vous offre l'incipit de Clarissa que je pressens comme une aînée de Lol V. Stein.

" Quand Clarissa, bien des années plus tard, s'efforçait de se souvenir de sa vie, elle éprouvait des difficultés à en retrouver le fil. Des espaces entiers de sa mémoire semblaient recouverts de sable et leurs formes étaient devenues totalement floues, le temps lui-même passait au-dessus, indistinct, tels des nuages, dépourvu de véritable dimension. Elle parvenait à peine à se rendre raison d'années entières, tandis que certaines semaines, voire des jours et des heures précis et qui semblaient dater de la veille, occupaient encore son âme et son regard intérieur ; parfois, elle avait l'impression, le sentiment de n'avoir vécu qu'une partie infime de sa vie de façon consciente, éveillée et active, tandis que le reste avait été perçu comme une sorte de somnolence et de lassitude, ou comme l'accomplissement d'un devoir vide de sens."

 

Je suis prêt à parier que Pierre Autin-Grenier pourrait s'identifier à Clarissa comme je le fais moi-même. Oui, mais parier quoi ? Une andouillette "of course" ! Et un verre de Gigondas, euh deux, et comme ce serait un dimanche lourd de pluie, toute la bouteille y passerait. "Of course" !

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19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 13:48

Encore un trio pour saluer le printemps des poètes et des autres. Celui des éditeurs aussi. Je pense notamment à Jacques Brémond, aperçu au marché de la poésie de Bordeaux, et qui m'a paru rajeuni.

 

Il y a à sa porte un habit de désolation qui fait les cent pas,

un appel, un espoir, une sorte de double désossé de lui-même,

aux traits tirés, à la sagesse ignorant la douleur des mots.

*

 


Ce retour du noir défenestre le vivant,

à cette distance, ce ne sont plus que des amas indistincts,

le devenir du monde est chassé, chaviré, la statistique fait

office de lucidité.

Sansrepères, il n'y aura plus rien à dire puisque tout sera

déjà su.

Paul de Brancion, in Temps mort, éditions Lanskine, 2010

 

il faut écrire

pour découdre la bouche

 

dans nos cicatrices

dorment des miroirs

*

je suis 

où cessent les mots

 

dans la blessure silencieuse

qui nous appelle avec des larmes

 

je suis né

dans l'absence des mots

le ressac et l'oubli

 

conjurés par les pierres

Michael Glück, in Cérémonies d'exil, éditions Jacques Brémond, 1997

 

Voilà un jour où le temps plane longtemps sans tomber, pareil aux feuilles, un matin d'été où les vieux respirent tranquillement dans les rues.

Rien ne menace personne, dirait-on, le silence concilie les ombres agitées du sol, les monstres ne tracent pas leurs cercles, ne lancent pas les mots aigus du mal humain, non.

Couleur d'abeille sous les arbres, la mémoire volette à travers ciel sur une heure d'enfance. Le sacré sur la terre, il semble que ce jour ne le refuse pas.

*

De quelle pièce je rêvais à la maison, le temps d'en dire le nom les murs s'étaient refermés, je percevais une lueur, palpais l'espace de mes mains, est-ce que je souhaitais que l'eau me soit donnée, je ne sais plus, je ne pouvais ouvrir la pièce close, j'imaginais dans le noir de me baigner un jour dans la lumière pour me désaltérer.

Annie Salager, in Les dieux manquent de tout, éditions Paroles d'Aube, 1996, éditions ASPECT, 2004

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